Baptiste Vanderbeke, n°1 belge junior de e-kart, représentera la Belgique aux championnats du monde : “Beaucoup de personnes sous-cotent le karting”
Tombé par hasard dans le karting, Baptiste Vanderbeke excelle aujourd’hui en e-kart et déborde d’ambitions pour l’avenir.
- Publié le 06-04-2023 à 16h07
Aux côtés de son papa et sa maman, ses plus fidèles supporters, Baptiste nous reçoit chez lui pour nous raconter sa passion pour le karting, qu’il soit au volant d’un kart électrique ou à moteur thermique. Rencontre.
”Le hasard fait bien les choses”. Cette maxime, ce n’est pas Baptiste Vanderbeke, un habitant de Ramillies, aujourd’hui âgé de 16 ans, qui pourra nous dire le contraire. Ce jeune garçon, qui pratiquait alors le tennis, s’est retrouvé tout à fait par hasard au volant d’un karting. Il nous raconte ses premiers coups de volant : “J’avais neuf ans. Nous étions en vacances à Saint-Malo. On est passés devant un karting et on pensait que ça pourrait être sympa de faire une petite activité. J’ai adoré. C’était un kiff total. Quand on est rentrés en Belgique, on a continué à en faire et j’aimais vraiment beaucoup. On s’est rendu compte que je ne roulais pas trop mal donc on a acheté des équipements et on a commencé à s’entraîner. J’ai rejoint une écurie et je me suis mis aux compétitions”.
À son retour en Belgique, il rejoignait la team LCDK avec qui il a connu ses premières compétitions avant de faire un bout de chemin seul. Désormais, il est embarqué avec AP Motorsports, une start-up créée par son coach, Amandio Paz, pilote reconnu sur la scène internationale. Ce dernier lui a permis de découvrir le karting 2 temps. Entre les moteurs thermiques, et les kartings quatre temps (électrique), son cœur balance : “Je n’ai pas vraiment de préférence. Un kart électrique a plus de patate dans les bas tours/minute. En thermique, on va plus vite dans les hauts tours/minute mais je n’ai pas de préférence.”
Grâce à ses performances, Baptiste est devenu n°1 belge en karting électrique et se classe à la 60e place du classement mondial. Durant ce mois d’avril, il disputera les championnats du monde de e-kart qui ont lieu en Suède. “J’ai été sélectionné pour représenter la Belgique. Mon esprit de compétiteur a pour ambition de gagner. Je n’aime pas aller à une course en me disant qu’on va oublier le podium. Je suis là en grande partie pour m’amuser mais j’aimerais bien gagner”. Pour cela, il faudra se défaire de sérieux candidats, tant la Belgique est une 'petite nation' dans le monde du karting. “La sélection s’établit par rapport au nombre de circuits de karting qu’il y a dans le pays. En France, il y aura dix pilotes qui vont rouler car ils ont beaucoup de kartings là-bas. Ils seront 16 en Suède. En Belgique, on a qu’un seul karting électrique. Nous ne sommes donc que deux à partir. D’après moi, les favoris seront la Suède, la France et la Slovaquie”.
La Slovaquie, Baptiste devait justement s’y rendre pour disputer les championnats du monde de karting deux-temps. Mais étant donné qu’il a eu 16 ans depuis, il ne pourra malheureusement pas y défendre le titre détenu par la Belgique. “C’était prévu que j’y aille. J’ai gagné un championnat juniors (NdlR : quand il avait moins de 16 ans) qui me permettait d’aller aux championnats du monde. Étant donné que j’ai eu mon anniversaire entretemps, j’ai plus de 15 ans et je ne peux plus concourir en juniors. Je ne pourrai donc normalement pas aller aux championnats du monde”, regrette-t-il. À moins qu’il bénéficie d’une wild card. “Mais même si je gagnais, le titre de champion du monde ne me serait pas attribué car les wild card ne sont pas classés”, pestait-il.
Au cours de l’entretien, Baptiste et ses parents confiaient que le monde automobile nécessitait d’avoir beaucoup de fonds. “En deux temps, les dix premiers sont ceux qui ont le plus gros portefeuille. Ils disposent de deux ingénieurs en bord de piste, ils ont quatre mécanos. Certaines écuries débarquent avec des semi-remorques sur lesquels ils ont jusqu’à six karts. S’ils en cassent un sur un round, au suivant ils en ont un nouveau. Et il y a d’autres teams plus petit qui ont un coach et un mécano”. Avant que son papa ne continue : “Certaines écuries ont des tentes de 300m² et des semi-remorques. On ne sait pas rivaliser avec eux. Nous, on vient avec une camionnette, une remorque et une petite tonnelle. C’est impressionnant” et que sa maman ajoute : “C’est pour ça qu’on préfère le système du quatre-temps où on loue des kartings et il y a un tirage au sort pour savoir quel pilote a quel karting. On voit davantage les différences de niveau entre pilote. On voit les différences de chrono entre les pilotes avec les mêmes karts”.
”En Belgique, on est le seul pays au monde sans fédération”
Le Ramillois, né à Bruxelles en 2007, confiait que le karting était trop peu développé et médiatisé en Belgique. Ce qui présente des avantages et des inconvénients. “Ce qui est bien, c’est qu’en Belgique, on peut commencer très jeune dans des grands karts. Il suffit d’avoir la bonne taille. En France, on ne peut pas commencer avant 14 ans, par exemple. Le désavantage, c’est que le karting quatre temps n’est pas reconnu comme un sport mais comme un loisir. Ce qui implique qu’il n’y a pas d’aides financières”.
Son papa ajoutait : “Il n’y a pas de fédération pour le karting. C’est le gros problème en Belgique. On est le seul pays au monde sans fédération”.
D’ailleurs, il n’y a aucune récompense pour les pilotes qui gagnent des courses. “Je pense que beaucoup de personnes sous-cotent le karting”, déplore Baptiste. “Si on le médiatise davantage, tout le monde pourrait se rendre compte de ce qu’est le karting en compétition. Et ça pourrait marcher”.
Bientôt en VW Fun Cup
Parallèlement au karting, Baptiste a envie de progresser au volant d’une voiture. “Ce serait bien de pouvoir participer à quelques courses en Fun Cup cette saison. Pour ça, il faut que je passe ma licence car la Fun Cup n’est accessible qu’à partir de 16 ans et seulement si on a une licence”.
Le monde des quatre roues est la passion de Baptiste et il veut continuer à progresser dans ce milieu, lui qui rêve de rouler en formule E : “La course automobile est encore ma passion. Je ne suis pas professionnel et je ne pourrais pas en faire mon métier. Il y a deux façons pour devenir professionnel : soit on se fait repérer on se fait financer par un mécène ou alors il faut avoir un gros portefeuille. Tant qu’on est dans les petites catégories, on n’est pas médiatisés et c’est donc rare de voir débarquer un gros sponsor. À force de monter dans les catégories, on est un peu plus médiatisés”, nous confie-t-il.
Pour pouvoir participer à une saison en Fun Cup, il faut un sérieux financement. “Il faut plus de 45.000 euros pour une saison contre 30.000 en karting deux temps”. Baptiste et ses proches organisent donc des soupers et des courses pour faire rentrer des fonds. Sa famille a créé une ASBL pour tenter d’attirer des sponsors. Son papa explique toutes les difficultés que les pilotes belges ont pour trouver les finances nécessaires pour pouvoir s’aligner toute une saison : “En Belgique, c’est le parcours du combattant. Et ce même pour les grands pilotes. Si on déménageait en France, on aurait beaucoup plus de solutions mais ce n’est pas prévu pour l’instant. Pourtant en Belgique, il y a beaucoup de niveau. Il y a beaucoup de Belges qui sont dans les 1000 premiers mondiaux.”
Si le jeune pilote rêve de progression et de formule E, il garde néanmoins la tête sur les épaules et parvient à gérer les entraînements et les courses avec son cursus scolaire : “En général, je roule une fois par semaine. Mais ça peut varier. Je peux m’entraîner trois fois semaines et puis ne rien faire pendant deux semaines. Cela dépend un peu des courses. Je vais le plus souvent rouler à Wavre et Franières car ce sont les deux karting les plus près. Par le passé, on allait régulièrement à Mariembourg et j’allais de temps en temps à Francorchamps. On part souvent mais jamais trop longtemps donc j’ai quand même le temps de bosser pour l’école. Je ne fais pas de gros sacrifices mais je dois parfois me priver de certains petits trucs pour faire des courses”.
Mérite sportif de la commune de Ramillies
Le 24 mars dernier, la commune de Ramillies mettait ses sportifs à l’honneur à l’occasion de la première remise des mérites sportifs organisée dans la commune. Baptiste a remporté la plus grosse récompense. “J’étais super content. Je ne m’attendais pas du tout à remporter le premier prix. Je pensais peut-être avoir le trophée de l’Espoir de l’année. Quand j’ai vu que ce n’était pas moi, je pensais que je n’aurais pas de récompense. Et voir ma tête apparaître sur l’écran qui récompensait le mérite sportif, c’était bizarre mais ça m’a fait très plaisir. Depuis, j’ai eu pas mal de personnes de la commune qui m’ont suivi sur les réseaux sociaux”, se réjouit-il.